Mister Midnight (05/02/2009)

Sans nuit, Mister Midnight s’ennui.

Ses yeux trop sensibles au jour restent sans cible.

A midi, nulle étoile où planter son regard sans le brûler.

Le soleil est la seule étoile ennemie de Mister Midnight. Le jour le brûle d’ennui.

Heureusement il y a les ombres qui sont comme des baumes bienfaisants, de minces fragments de nuit diaphanes, une robe maternelle où il fait bon se réfugier.

Les meilleures ombres sont celles des bibliothèques où attendent patiemment, rangées dans leurs rayons, d’incomparables sentinelles contre l’ennui.

La nuit, quand les aiguilles de l’horloge pointent ensemble vers le sommet du cadran, les yeux sensibles de Mister Midnight visent le firmament.

Et il imagine voir les jeunes planètes en formation autour des étoiles, encore imprécises quant à leur apparence, comme des jeunes filles indécises sur la robe à porter pour leur premier bal.

Un bal qui durera des milliards d’années, une ronde interminable autour d’un ou plusieurs soleils. Les robes seront fines ou lourdes, aux couleurs d’océans, de déserts ou de nuages d’acide sulfurique, certaines s’autorisant l’extravagance d’un anneau de glace et de roche mêlées.

Chaque nuit Mister Midnight est le spectateur privilégié de ce bal silencieux. Depuis son observatoire il espère repérer une belle gueule d’atmosphère, au teint d’oxygène, puis annoncer au monde qu’il a fini par trouver celle qu’il cherchait depuis si longtemps.

Pour l’heure, quand l’aurore vient tirer le rideau sur le spectacle, Mister Midnight baisse les yeux, ferme l’observatoire et s’en va retrouver sa solitude et découvrir ses ennuis du jour.

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