L’album que j’attendais le plus cette année, « Foule Monstre » d’Eiffel, est une réussite totale. Le groupe tient là son disque le plus abouti.
Les titres dévoilés lors de la pré-tournée, en mai, laissaient augurer du meilleur.
Quelques trafics électroniques se métissent au rock d’Eiffel, ils ne sont pas là pour faire joli mais servent réellement les morceaux, rien de surfait, idem pour les cordes et les cuivres.
Chants façon hip-hop, croisés avec l’ami Bertrand Cantat, et chœurs de riot girls sur l’un des morceaux de bravoure du disque, « Lust For Power » qui est très proche de « Je m’en irai toujours », chanson figurant sur l’album solo de Romain Humeau, « L’Eternité de l’instant ».
Titres héroïques de plus de 7 minutes avec, d’une part, « Chaos of Myself » chanté en compagnie de Phoebe Killdeer, avec final en envolée de guitares, et d’autre part « Chanson trouée » qui avait déjà fait tilt dans mes oreilles au concert à la Dynamo.
Rythmique qui donne furieusement envie de pogoter sur « Frères ennemis ». Sensualité des textes de « Venus from Passiflore » et « Puerta del angel » avec refrain chanté en espagnol sur cette dernière, si, si !
D’ailleurs au niveau des textes, c’est du pur régal. Romain est au sommet de son art. Double sens, calembours, poésie surréaliste, on est servis.
Quant à la plus belle chanson d’Eiffel, elle figure sur cet album : « Milliardaire » évoque des moments passés auprès d’un être cher disparu.
Que des raisons de se réjouir, y compris du packaging de l’objet que l’auditeur tient entre les mains. L’édition digipack présente une fresque qui se déploie en trois parties, réalisée par le collectif le Chakipu, qui n’est pas sans rappeler le travail de Jamie Hewlett de Gorillaz. Les textes de Romain sont bien sûr présents dans le livret, bien lisibles, sans loupe ni microscope.
« Foule monstre » est également disponible en version vinyle, double album, avec le mastering adéquat, pour ravir davantage les yeux et les oreilles.
iTunes propose un titre supplémentaire, « La nuit tague » et Romain a laissé entendre qu’un autre morceau, « Tu as la montre, moi j’ai le temps » serait disponible vers Noel. En téléchargement gratuit ? On pari ?^^
Allez, on se remet « Place de mon cœur », une fois de plus…
groupe rock français
-
Eiffel - Foule monstre
-
Eiffel au Café Rex, Toulouse - 25/11/09
Mardi 25 novembre Eiffel était en concert au Café Rex à Toulouse.
Excellent show du groupe devant un public relativement sage. Celà dit, l’exigüité de la salle combinée à la densité importante de l’assistance explique aisément le côté quelque peu statique du public (difficile même de lever les mains pour applaudir sans prendre involontairement sous le bras celui de son voisin immédiat :p), auquel il faut ajouter l’absence d’estrade sur la « scène » et la configuration de la salle, plus longue que large, contraignant les derniers arrivants à tenter d’allonger leur cou façon girafe pour y voir quelque chose.
Tout ça pour dire que le Café Rex, où je mettais les pieds pour la première fois, qui doit certainement être un lieu très sympa pour passer une soirée en discothèque ou boire un verre, n’est pas l’endroit idéal pour assister à un concert de rock, surtout s’il affiche complet.
Le son était bon cependant, et c’est « ensardiné » dans cette foule toulousaine et ne voyant au mieux que le buste et la tête des quatre musiciens d’Eiffel, que j’ai pu apprécier le concert.
Car j’ai adoré ! Eiffel est un des meilleurs groupes à l’heure actuelle, c’est une certitude. Chaleureux et généreux sur scène, manifestement heureux de jouer devant un public, d’être là. Ils n’ont pas besoin de dire « on est ravis d’être ici ce soir », ça se voit dès leur entrée en scène.
Romain Humeau, en plus d’être un musicien complet (il sait jouer de toute une ribambelle d’instruments), un compositeur et un auteur doué, est un interprète époustouflant, il y a du Brel chez lui, c’est indéniable.
Ce soir là à Toulouse, Romain, sa femme Estelle et les deux Nicolas offraient de superbes interprétations d’une bonne partie des titres du dernier album (mentions spéciales pour « Sous ton aile », « Ma blonde », « Minouche », « Je m’obstine ») sans oublier les précédents, avec notamment « Saoul », « Il pleut des cordes », un énormissime « Bigger than the Biggest » qui vire au psychédélique, « Tu vois loin », « Sombre » , un « Hype » hypnotique pendant le rappel, et pour finir l’adaptation du poème de Boris Vian « Je voudrais pas crever », qui donne des frissons de bonheur et qui justifierait à elle seule la venue à ce concert !
A la fin, le public avait oublié depuis belle lurette qu’il se trouvait dans le lieu à plus forte concentration humaine et transpirante de la Ville Rose et en redemandait. Mais Eiffel avait tout donné, Romain était vidé, les lumières se sont rallumées.
Et le Café Rex retrouvait soudainement une densité moins proche de la fusion nucléaire…
Eiffel repassera très certainement dans le coin. Commencée il y a un mois, ce début de tournée est en fait un « tour de chauffe ». Le groupe a l’intention de tourner jusqu’en 2011 ! Et certainement dans des salles plus importantes. Je les verrai bien au Bikini moi :-))
En première partie (oui, j’en parle à la fin, pour la mettre en évidence ;)) se produisait Molly, non pas en groupe et en version rock, mais en solo et en acoustique.
Molly, ou plutôt Laurence toute seule à la guitare, a interprété de sa douce voix ses chansons aux textes toujours empreints de sensualité.
Exercice difficile que de chanter ainsi toute seule en s’accompagnant simplement à la guitare des chansons que la majorité de l’assistance ne connaît pas. J’ai trouvé que Molly s’en sortait très bien, même si j’avoue que j’aurais préféré la voir jouer en version électrique et plus rock. On a d’ailleurs eu un petit aperçu quand Nikko, le guitariste d’Eiffel, est venu l’accompagner le temps d’une chanson.
Crédit photo: Richard Dumas
-
Molly - Bang ! Bang ! Bang !
Au départ, Molly c’est un alias utilisé par une lonesome chanteuse de rock à la voix douce et armée d’une guitare bien aiguisée : Laurence Audras. Mais avec l’arrivée de Jo et Nikko, Molly est devenu un groupe. Et le trio, comme des pistoleros, à fait « Bang ! Bang ! Bang ! », un très bon premier album de rock, autoproduit, et sorti il y a déjà trois ans.
Jo, c’est Jonathan Lamarque, batteur qui officia il y a quelque temps chez Mary’s Child. Nikko, c’est Nicolas Bonnière qui gratta de la six cordes avec Dolly. Tout en restant fidèle à Manu, l’ancienne chanteuse de Dolly, il en pince six pour le groupe Eiffel désormais, tout ça en plus de son activité avec Molly; autant dire qu’il fait feu de tout bois.
Dans « Bang ! Bang ! Bang ! » le feu est aussi dans les textes écrits en français ou en anglais par Laurence et empreints de sensualité.
En tout, neuf titres qui n’excèdent pas 3 minutes ; ça fait un peu court je vous l’accorde. Le disque s’achève avec une délicieuse reprise de « Bang Bang », originellement interprétée par Cher, et ici chantée dans sa version française, comme l’avait fait Sheila.
On attend la suite de ce triple bang qui devrait bientôt voir le jour. Deux nouveaux titres sont disponibles en téléchargement depuis fin 2008, ils figureront sur le second album dont l’enregistrement était prévu dans le courant de cette année.
Et Molly sera en première partie d’Eiffel le 25 novembre au Café Rex à Toulouse. Une occasion à ne pas manquer.
-
Eiffel - A tout moment
Eiffel, un de mes groupes français préférés, est de retour avec un quatrième album, « A tout moment ».
Il y a eu du changement depuis le précédent opus, « Tandoori » sorti début 2007 : changement de maison de disque, l’ingrate major (pléonasme) EMI estimant que le groupe ne remplissait pas assez les caisses n’a pas renouvelé le contrat, voici le groupe désormais chez les indépendants de PIAS (où l’on retrouve Placebo entre autres).
Changement au sein même du groupe, avec les départs du bassiste Hugo Céchosz et du batteur Christophe Gratien qui ont formé un nouveau projet du nom de Twin Sisters. Nicolas Courret, le batteur des débuts, est de retour derrière les futs, tandis que l’on note l’arrivée à la guitare d’un autre Nicolas, Bonnière, qui a de très bonnes références puisqu’il officia naguère dans le groupe Dolly.
Estelle et Romain Humeau, qui forment le noyau dur, sont toujours là, cependant Estelle a décidé de migrer de la guitare vers la basse. Romain reste fidèle à l’écriture et au chant.
Espérons que ce quatrième album, excellent, d’une belle cohésion, qui offre des bijoux de rock comme « Minouche », « Cet instant là », « Sous ton aile », « Clash »…, avec un son peut-être un peu plus « arrondi aux angles », fasse connaître davantage Eiffel, et que les auditeurs, en posant une oreille et même deux sur leur musique, se rendent compte que le quatuor n’est pas un Noir Désir bis.
Car le groupe souffre d’une encombrante comparaison avec les acolytes de Bertrand Cantat. Il y a un air de famille musicale, c’est indéniable, l’influence de Noir Désir est par ailleurs revendiquée par Romain Humeau dont la façon de chanter est proche de celle de son ainé. Les deux groupes ont des influences communes, ils sont amis et ont déjà travaillé ensemble et la présence dans les chœurs de Cantat, discrète, sur ce nouvel album va apporter de l’eau au moulin à paroles des maniaques de la comparaison.
Et si au lieu de comparer sans fin ils écoutaient vraiment, ils se rendraient compte que Romain Humeau à son style bien à lui, une écriture toute personnelle qui se rapprocherait plutôt de Boris Vian (sur « Je m’obstine » notamment), si vraiment il fallait faire une comparaison. Ce sera la seule que je ferai. Eiffel avait d’ailleurs mis en musique un des poèmes de Bison Ravi, « Je voudrais pas crever » sur le premier album, « Abricotine ».
Eiffel est à découvrir sans attendre, à écouter sans comparatif, à aimer sans adverbe et à voir sur scène sans hésiter ;) Pour ce dernier point, j’ai pris rendez vous en novembre à Toulouse !
http://www.myspace.com/eiffeltandoori