Un an après Ray Bradbury, c’est un autre grand de la science-fiction qui nous quitte, en fait un grand écrivain tout court.
Avec des romans comme « Je suis une légende », « L’Homme qui rétrécit » ou « Le Jeune homme, la mort et le temps », ainsi qu’une ribambelle de nouvelles, domaine où il était un maître et dont je raffole (lire l’intégrale (ou presque) en trois tomes chez J’ai Lu).
Egalement scénariste, on luit doit des histoires pour « La Quatrième dimension » ou le « Star Trek » originel, ainsi que le scénario du premier long métrage de Steven Spielberg, le génial « Duel », basé sur une de ses propres nouvelles.
Entre autre.
Je me souviens aussi de l’adaptation des « Chroniques martiennes » en mini série au début des 80s, même si l’association avec Bradbury n’avait pas été à la hauteur des attentes.
J’avais écrit des billets sur les trois romans cités plus haut :
- Je suis une légende
- Le Jeune homme, la mort et le temps
- L'Homme qui rétrécit
richard matheson
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Richard Matheson
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L'Homme qui rétrécit - Richard Matheson
Après la lecture de « Le Jeune homme, la mort et le temps », j’ai enchaîné sur un autre roman de Richard Matheson, « L’Homme qui rétrécit » paru en 1956. Un grand classique de la SF que je n’avais pas encore lu.
Le film tiré du roman, réalisé par Jack Arnold en 1957, est également un classique. L’image qui en vient immédiatement à l’esprit est le fameux affrontement entre le héros réduit à une taille de quelques centimètres et une araignée devenue gigantesque en comparaison.
Matheson nous conte l’histoire de Scott Carey atteint d’un mal étrange qui fait diminuer sa taille de jour en jour. L’origine de ce mal se trouve dans un contact accidentel avec un brouillard radioactif (tout à fait dans l’esprit des récits de SF de l’époque) combiné à d’autres éléments.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’auteur se concentre surtout sur son personnage principal, le fouille psychologiquement et décrit remarquablement la détresse et la colère qu’il éprouve face à ce qu’il lui arrive.
Scott est conscient d’être de plus en plus isolé au fur et à mesure qu’il rapetisse. Il se sent rejeté par ses proches, se demande si sa femme le considère encore comme son homme, son mari, alors que sa taille est devenue celle d’un enfant, si sa fille le considère toujours comme son père, la figure autoritaire, alors qu’il ne mesure pas plus qu’une poupée.
Et quand il ne mesure plus que deux centimètres, prisonnier dans la cave de sa maison, totalement coupé des liens humains, qu’est-ce qui le pousse encore à vivre, à chercher quotidiennement de la nourriture (des miettes de biscuits) de l’eau (qui fuit d’une pompe) et à échapper à un prédateur mortel : une araignée qui a élu domicile dans un coin de la cave et qui est désormais aussi grosse que lui, et qui devient le monstre à tuer ?
Roman passionnant, qui va jusqu’au bout de la réflexion qu’il propose, « L’Homme qui rétrécit » est à lire absolument :-)
Extraits :
« Tout aurait été tellement plus simple si son cerveau avait été une fois pour toutes débarrassé du poison de l’introspection. S’il avait pu achever sa vie comme un véritable insecte au lieu d’être pleinement conscient de chaque étape de son atroce déchéance. C’était la conscience de son rétrécissement qui faisait son malheur, pas le rétrécissement en lui-même. »
« Tant qu’il gardait son intelligence, il restait unique. Même si les araignées étaient plus grosses que lui (…) il gardait son intelligence. Son intelligence pouvait lui valoir son salut, comme elle lui avait valu sa damnation. »
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Le Jeune homme, la mort et le temps - Richard Matheson
Ma première lecture entrant dans le cadre du Blog-O-Trésors !
Richard Matheson est un dieu ! Oui carrément ! Un dieu de l’écriture. L’auteur de « Je suis une légende » prouve une nouvelle fois son talent en nous contant cette fois une histoire d’amour, mais rassurez-vous on est à des années lumière de Barbara Cartland !
Une histoire d’amour associée à un des thèmes les plus fascinants de la Science-Fiction : le voyage dans le temps.
Ici, pas de machine extraordinaire pour voyager, ni même de failles spatiotemporelles. Le héros de l’histoire remonte le temps en utilisant l’autosuggestion, la seule force de sa volonté… et de son amour.
Le héros, Richard Collier, âgé de 36 ans, est un scénariste de feuilleton télé (une activité que Matheson a exercé) atteint par une tumeur au cerveau incurable. Plutôt que subir un traitement lourd qui ne changera rien à l’issue fatale, il décide de voyager à travers le pays, au hasard. Ses pérégrinations le mènent à un vieil hôtel au bord de l’océan. C’est en le visitant qu’il voit une photo d’Elise McKenna, une très belle actrice de théâtre ayant donné une représentation dans l’établissement 75 ans plus tôt, en 1896. Il a le coup de foudre. Mais Elise est morte depuis presque vingt ans... Il finit par se persuader qu’il peut traverser le temps et rejoindre Elise en 1896 dans ce même lieu qui semble encore imprégné de sa présence.
Le lieu, l’hôtel Coronado, est un élément majeur du récit. Richard est littéralement envouté par son atmosphère surannée, l’influence du lieu est fondamentale. Je ne peux m’empêcher de penser que Stephen King, qui n’a jamais caché son admiration pour Matheson, y ait trouvé son inspiration pour un autre hôtel exerçant une grosse influence sur ses occupants : l’Overlook Hotel de « Shinning » paru deux ans après « Le jeune homme, la mort et le temps »
Le jeu avec la mort est omniprésent dans le roman : Collier tombe amoureux d’une femme morte vingt ans plus tôt, mais en remontant le temps pour l’aimer, il se joue de la mort ; il se sait condamné mais en échappant à son époque, il semble aussi échapper à la mort, du moins à celle qui l’attendait au XXeme siècle (folle illusion ?)
Matheson offre notamment une réflexion intéressante sur les différences de mœurs et de comportement des gens entre deux époques. Fin XIXeme, les gens sont plus proches les uns des autres (à l'image de l'océan qui est plus près de l'hôtel en 1896 qu'en 1971), ils accordent de l’importance, prêtent attention, se sentent concernés, comme il le fait dire à son héros, mais sont aussi prisonniers de certaines règles, les femmes en particulier. On trouve une belle flamme féministe avant l’heure avec le personnage d’Elise McKenna, flamme que Richard va contribuer à rendre flamboyante.
Le roman se présente sous la forme d’un récit écrit par Richard Collier, et dévoilé par son frère qui a récupéré le manuscrit. Comme lui, on peut se demander si Richard a bel et bien vécu l’histoire qu’il raconte, s’il n’a pas été victime d’hallucinations provoquées par sa tumeur. Et comme lui, on souhaite qu’il ait vécu cette histoire extraordinaire ; le personnage est si attachant et l’histoire si bien racontée. Mais ça c’est le talent de Mister Matheson.
Les amateurs de SF aussi bien que les lecteurs habitués à la littérature générale trouveront leur compte dans ce livre.
Le roman a été adapté à l’écran (avec Matheson lui-même comme scénariste) en 1980 sous le titre « Quelque part dans le temps » avec Christopher Reeve et Jane Seymour. Je me souviens l’avoir vu en VHS et qu’il m’avait bien plut, la fin surtout ;) Faudra que j’y rejette un œil…
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Je suis une légende - Richard Matheson
Relire les livres que j’ai aimé est un de mes plus grands plaisirs.
Actuellement, je suis en en pleine phase de relecture !
Parmi les livres choisis, figure le grand classique « Je suis une légende » de Richard Matheson.
Robert Neville, le dernier homme « normal », survit au milieu de l’humanité qui ne compte plus que des créatures transformées en vampires suite à une contamination bactériologique.
Barricadé dans sa maison, il subit chaque nuit les assauts des vampires.
Avec, comme lot quotidien, la solitude, un climat d’angoisse et de terreur, le dernier survivant de son espèce est-il vraiment le seul à vouloir survivre ?
Représente-t-il toujours la normalité au milieu de ces êtres différents qu’il considère comme des monstres et qu’il élimine sans regrets ? Fait-il encore partie de l’Humanité ?
Certainement le meilleur roman sur le thème rebattu des vampires, l’un des plus originaux en tout cas.
Si Matheson cite malicieusement le « Dracula » de Bram Stoker, c’est pour mieux s’éloigner des clichés gothiques du genre, du surnaturel, se moquer des superstitions et amener son récit vers la SF grâce à des explications (pseudo) scientifiques.
Un vrai tour de force, et ça marche !
Paru en 1954 ( en 1955 en France dans la prestigieuse collection Présence du Futur ) ce roman est indémodable. Depuis, les tentatives de faire mieux sur le thème du vampire ont été vaines !