Il faut bien avouer que Point de suture, le précédent album de Mylène Farmer n’était pas resté longtemps dans ma platine.
Passé l’attrait de la nouveauté de l’objet, je m’étais rendu compte que justement, il n’y avait rien de neuf dans cet album. Beaucoup de titres semblaient sorti du moule qui avait servi à d’anciennes chansons ( Appelle mon numéro – California, C’est dans l’air – Désenchantée + Je t’aime mélancolie, Looking for my Name – Nobody Knows … ).
Le tandem Farmer/Boutonnat commençait à tourner en rond, fallait que ça bouge (pour presque paraphraser Mylène dans Dégénération).
Et bouger, ça a. Exit Laurent Boutonnat pour les musiques du nouvel album Bleu Noir , Mylène invite du monde : RedOne, Moby et le groupe Archive, par ordre d’apparition.
Le premier, producteur notamment de la reine de la dance en toc et des robes en steaks, Lady Gaga, également compositeur de ses principaux tubes, offre à Mylène deux titres, Oui mais…non, déjà sorti en single, et Lonely Lisa. Deux titres que je n’aime pas du tout et qui, hormis les paroles, n’auraient absolument pas dépareillés dans le répertoire de la Lady susdite.
Moby n’est pas venu les mains vides, apportant sept chansons, dont deux fois la même (deux versions, l’une en anglais, l’autre en français, du titre Inséparables). On reconnaît immédiatement son style, électro pop mélodique et mélancolique.
Darius Keeler d’Archive compose trois morceaux, et là encore, on reconnaît immédiatement le style trip hop planant du groupe.
Exceptées les chansons de RedOne qui font taches, les compositions sont bonnes, voire très bonnes (Leila, Diabolique mon ange, Bleu noir, Inseparables, N’aie plus d’amertume), mais il manque une certaine alchimie. J'ai l'impression d'écouter Mylène chantant du Moby ou du Archive plutôt qu'un album composé par Moby et Archive POUR Mylène. Le mélange entre les styles qui aurait donné quelque chose de vraiment inédit ne se fait pas.
Ca change certes de Boutonnat, mais la patte de Moby et des autres n'est pas assez nuancée, contrairement à ce que suggère le titre du disque.
Bleu noir : un mélange de couleurs, d’écritures. C’est plutôt Bleu / Noir, les éléments sont bien présents mais ne se fondent pas.
Les musiques de Moby, Archive et RedOne d’un côté, les textes et la voix frêle de Mylène de l’autre. Si on retire ces derniers, les compositions pourraient figurer sans problème sur un album des premiers.
Les morceaux qui donnent le mieux l’impression d’amalgame sont les deux où Mylène chante en anglais, dont Inseparables écrit et composé par Moby. Mais en abandonnant ainsi ses textes en français au profit d’une plume anglo-saxonne, Mylène y perd de son identité, se fondant dans l’univers de Moby (Moby featuring Mylène Farmer), alors que ça devrait être l’inverse.
Le plus drôle, c’est que cette chanson est une de mes préférées !
Alors faut-il regretter la dissociation du duo Farmer/Boutonnat ? (N’aies pas de regrets… chantait Mylène il y a quelques temps déjà)
Non...
A condition d’aimer Moby, Archive (c’est mon cas) et RedOne (zut, raté).
L'album est disponible en téléchargement légal depuis aujourd'hui. Sortie du CD le 6 décembre.