Un an après Ray Bradbury, c’est un autre grand de la science-fiction qui nous quitte, en fait un grand écrivain tout court.
Avec des romans comme « Je suis une légende », « L’Homme qui rétrécit » ou « Le Jeune homme, la mort et le temps », ainsi qu’une ribambelle de nouvelles, domaine où il était un maître et dont je raffole (lire l’intégrale (ou presque) en trois tomes chez J’ai Lu).
Egalement scénariste, on luit doit des histoires pour « La Quatrième dimension » ou le « Star Trek » originel, ainsi que le scénario du premier long métrage de Steven Spielberg, le génial « Duel », basé sur une de ses propres nouvelles.
Entre autre.
Je me souviens aussi de l’adaptation des « Chroniques martiennes » en mini série au début des 80s, même si l’association avec Bradbury n’avait pas été à la hauteur des attentes.
J’avais écrit des billets sur les trois romans cités plus haut :
- Je suis une légende
- Le Jeune homme, la mort et le temps
- L'Homme qui rétrécit
fantastique
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Richard Matheson
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Le Voleur de voix - Jean-Nicholas Vachon
Ca faisait un petit moment que je n’avais plus laissé une note sur un livre que j’ai lu, non pas que je lise moins, mais le temps et l’envie d’écrire un billet me manquaient (comprenez : j’avais la flemme^^).
Mais avec le très gros coup de cœur que j’ai eu pour « Le Voleur de voix » de Jean-Nicholas Vachon, je me suis débrouillé pour les (re)trouver ;)
Très belle découverte que « Le Voleur de voix » donc, qui est une trilogie éditée par Michel Quintin, éditeur québécois tout comme l’auteur.
Il s’agit d’une histoire de vampires, et bien que le thème du buveur de sang ait été traité maintes et maintes fois, j’ai été bluffé par l’originalité du récit. Une histoire de vampire qui sort de l’ordinaire, puisqu’il y est question d’art lyrique.
Maximilien, le personnage central de l’histoire, est un vampire torturé, en lutte permanente avec la noirceur de son côté vampire et son humanité de jadis, et seules les voix des plus grands interprètes d’opéra parviennent à apaiser la part de ténèbres qui est en lui.
Immortel de part son état, il croisera au fil des siècles le chemin de Farinelli, le fameux castrat, puis des célèbres cantatrices Maria Malibran et Maria Callas. Son destin sera aussi lié à des personnalités historiques telles que Louis XIV, Louis XVI et Marie-Antoinette ou encore Louis II de Bavière, entre autres.
Ajoutons à cela son origine de vampire qui est, elle, liée à une pierre précieuse volée à une statue de la déesse Kâli ; pierre précieuse qui deviendra célèbre sous le nom de diamant Hope.
Un diamant célèbre, des rois et des reines, un castrat, des divas, tout cela dans une histoire de vampires…
Tout le talent de Jean-Nicholas Vachon fait de ce qui pourrait être à priori quelque chose de farfelu, un récit absolument passionnant, très bien écrit, dans un style concis, adoptant la forme épistolaire la plupart du temps. Un sérieux travail de documentation a manifestement été fait ou bien l’auteur est un érudit en art lyrique et en Histoire...
Nul besoin d’être friand d’opéra ou féru d’Histoire pour apprécier cette trilogie, quelques brèves notes de bas de pages expliquent juste ce qu’il faut savoir, tout s’imbrique parfaitement au récit et on ne peut plus en décrocher.
L’action est rondement menée, le découpage en chapitres courts racontés du point de vue d’un des personnages à chaque fois, à une époque différente, donne un rythme incroyable.
Et, suprême élégance d’un auteur québécois, il n’y a pas un seul anglicisme dans la trilogie. Ainsi, pas de smart phones mais des téléphones intelligents, aucun sms ou texto mais des messages textes, pas même un chewing-gum qui traine, mais une gomme à mâcher.
Le Voleur de voix. Tome 1 : Le castrat et les rois fous. Tome 2 : La diva et le prince romantique. Tome 3 : Les prima donna immortelles.
A lire absolument :))
Le blog consacré aux livres : http://voleurdevoix.com/
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Dreamcatcher - Stephen King
Cinquième lecture dans le cadre du Challenge Stephen King, cette fois la catégorie années 2000, avec Dreamcatcher, paru aux Etats-Unis en 2001.
Quatre amis d’enfance se réunissent comme chaque année au mois de novembre pour une partie de chasse dans les forêts du Maine. Mais cette fois ci, un type égaré et manifestement pas dans son assiette croise leur chemin. De plus, on parle de lumières dans le ciel et de disparitions mystérieuses ; les extraterrestres auraient-ils débarqués dans le Maine ?
Quelques petits spoilers à partir d'ici.
Il est bel et bien question d’extraterrestres dans Dreamcatcher, un sujet rarement abordé par SK dans ses romans (Les Tommyknockers par exemple) et ici les ET posent un gros problème de santé publique que des troupes de l’armée des Etats-Unis tentent de régler sans trop faire de bruits. Ca fait beaucoup penser à X-Files et SK y fait d’ailleurs clairement référence, d’autant que les ET sont du style humanoïdes gris.
Il y a également des références très claires à Alien, à la sauce trash. En effet dans la première partie du livre (intitulée Cancer et qui est celle que je préfère) il est question de bestioles se développant dans les intestins de leurs hôtes, générant des problèmes gastriques particulièrement sévères. Les descriptions peu ragoutantes ne manquent pas, ce qui au départ provoque immanquablement l’amusement, mais rapidement on baigne dans l’horreur et dans une atmosphère de déliquescence très bien rendue, tout comme la souffrance physique éprouvée par les personnages.
Il faut signaler que Dreamcatcher occupe une place à part dans l’œuvre de King. C’est en effet le premier roman qu’il a écrit après l’accident qui a failli lui couter la vie, renversé par un véhicule. Un des personnages du roman est d’ailleurs victime d’un tel accident. Pas étonnant que la douleur physique, expérimentée par l’auteur, soit omniprésente dans ce livre. Rares sont les protagonistes à ne pas y goûter.
Dreamcatcher est surtout l’histoire de quatre copains liés par une forte amitié remontant à l’enfance où ils ont vécu des expériences qui les ont soudés à tout jamais, grâce à un cinquième individu, un peu spécial, et surnommé Duddits. En cela, ils rappellent les héros de Ca, il y a par ailleurs une référence à l’histoire de ce roman dans Dreamcatcher.
La deuxième partie du livre nous présente les militaires chargés de régler le problème posé par les ET, notamment un colonel en fin de carrière et franchement pas commode tant et si bien qu’il pourrait bien être plus dangereux que la menace extraterrestre.
La troisième et dernière partie se résume à une course poursuite dans les paysages enneigés entre les principaux protagonistes, et le rythme est bien mené, c’est certainement la partie qui se lit le plus vite…
Dreamcatcher est un roman que j’ai aimé, même si j’ai trouvé quelques longueurs (c’est très rare que ça m’arrive avec Stephen King !) à cause de certains passages confus concernant le personnage de Duddits (auquel j’ai eu du mal à m’attacher d’ailleurs, malgré sa particularité) et le fameux attrape-rêve, le dreamcatcher du titre.
Mais le thème des extraterrestres traité façon X-Files, la noirceur du roman, notamment dans sa première partie, le fait qu’il s’agisse du roman d’un survivant et que ça transparaisse subtilement dans le récit, fini par l’emporter largement sur ces petites réserves.
Voir aussi : Danse macabre, Dead Zone, L'Année du loup-garou, La petite fille qui aimait Tom Gordon
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Vive Halloween !
Quand j’étais gamin, pendant longtemps Halloween n'a rien signifié pour moi.
Il y avait la Toussaint, la fête la plus lugubre de l’année : il fallait se rendre au cimetière (qui connaissait alors un pic de fréquentation) y déposer des chrysanthèmes en pots qui coutaient chers et qui seraient crevés dans les quinze jours, et aux infos on apprenait bien souvent que le week-end avait été particulièrement meurtrier sur les routes (un peu comme à Pâques).
Pas de réjouissances, pas de déguisements, pas de citrouilles, nada. La seule chose bien que je trouvais à la Toussaint était qu’elle coïncidait avec des vacances scolaires.
Puis, il y eut un film, La Nuit des masques, titre original : Halloween, puisque le film était américain, le fameux slasher de Big John Carpenter, et ses suites. Et pendant longtemps, j'ai rattaché Halloween au cinéma fantastique exclusivement. Etant friand du genre, je découvrais avec tous ces slashers des 80s que Halloween ce n’était pas que du cinéma, mais une vraie fête populaire aux Etats-Unis, coïncidant avec notre Toussaint de catholiques mais en beaucoup plus rigolo, où on se déguisait en sorcière, en vampire, en fantôme, en zombie, bref tout un bestiaire issu du fantastique, histoire de jouer à faire peur à la mort au lieu de s’en effrayer.
Mais à moins d’être adepte du genre Fantastique ou proche de la culture anglo-saxonne, Halloween n’évoquait en général rien de spécial aux gens, et la Toussaint régnait sans partage.
Jean-Patrick Capdevielle en 1984, un français qui évoque Halloween, très rare à l'époque
Puis, à la fin des années 90, il y eut une grosse opération halloweenesque , un peu trop agressive peut-être, Halloween à tous les étages ! Pour ceux allergiques à tout ce qui provient d'Outre Atlantique c'était un cauchemar : les américains voulaient nous refiler une de leurs fêtes bassement mercantiles, issue d’un folklore païen en plus, rien à voir avec Noël par exemple (**rires de leprechauns enregistrés**) qui est on ne peut plus chrétien et où on dépense peu comme chacun le sait^^, quant au Père Noël, il doit être aux couleurs de Citroën, une marque bien française, et non pas d’un soda qui vous fait roter comme un Yankee.
Ah la la, qu’est ce qu’ils sont méchants ces américains, hein ! (Mais pourquoi ? Parce queeeeee !!)
J’aime Halloween tout naturellement, son imagerie étant rattachée au genre Fantastique dans lequel je suis tombé tout petit*.
J’ai cessé d’acheter des pots de chrysanthèmes depuis longtemps et je déserte les cimetières à cette période, « le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants » (pour citer Cocteau) et le mien est fleuri quotidiennement (pour faire dans la métaphore bien cul-cul).
Et comme demain c’est la Toussaint, soit la fête de tous les Saints, quelle meilleure occasion de fêter en bons vivants Saint Emilion, Saint Honoré et même Saint Glinglin, alors bonne fête à tous !
* Le genre Fantastque cuisait dans une marmite remplie de soupe de citrouille que remuait une femme portant un chapeau pointu, et c'est un farfadet qui m'a poussé dedans.