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science-fiction - Page 5

  • Le Jeune homme, la mort et le temps - Richard Matheson

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    Ma première lecture entrant dans le cadre du Blog-O-Trésors !

    Richard Matheson est un dieu ! Oui carrément ! Un dieu de l’écriture. L’auteur de « Je suis une légende » prouve une nouvelle fois son talent en nous contant cette fois une histoire d’amour, mais rassurez-vous on est à des années lumière de Barbara Cartland !

    Une histoire d’amour associée à un des thèmes les plus fascinants de la Science-Fiction : le voyage dans le temps.

    Ici, pas de machine extraordinaire pour voyager, ni même de failles spatiotemporelles. Le héros de l’histoire remonte le temps en utilisant l’autosuggestion, la seule force de sa volonté… et de son amour.

     

    Le héros, Richard Collier, âgé de 36 ans, est un scénariste de feuilleton télé (une activité que Matheson a exercé) atteint par une tumeur au cerveau incurable. Plutôt que subir un traitement lourd qui ne changera rien à l’issue fatale, il décide de voyager à travers le pays, au hasard. Ses pérégrinations le mènent à un vieil hôtel au bord de l’océan. C’est en le visitant qu’il voit une photo d’Elise McKenna, une très belle actrice de théâtre ayant donné une représentation dans l’établissement 75 ans plus tôt, en 1896. Il a le coup de foudre. Mais Elise est morte depuis presque vingt ans... Il finit par se persuader qu’il peut traverser le temps et rejoindre Elise en 1896 dans ce même lieu qui semble encore imprégné de sa présence.

    Le lieu, l’hôtel Coronado, est un élément majeur du récit. Richard est littéralement envouté par son atmosphère surannée, l’influence du lieu est fondamentale. Je ne peux m’empêcher de penser que Stephen King, qui n’a jamais caché son admiration pour Matheson, y ait trouvé son inspiration pour un autre hôtel exerçant une grosse influence sur ses occupants : l’Overlook Hotel de « Shinning » paru deux ans après « Le jeune homme, la mort et le temps »

    Le jeu avec la mort est omniprésent dans le roman : Collier tombe amoureux d’une femme morte vingt ans plus tôt, mais en remontant le temps pour l’aimer, il se joue de la mort ; il se sait condamné mais en échappant à son époque, il semble aussi échapper à la mort, du moins à celle qui l’attendait au XXeme siècle (folle illusion ?)

    Matheson offre notamment une réflexion intéressante sur les différences de mœurs et de comportement des gens entre deux époques. Fin XIXeme, les gens sont plus proches les uns des autres (à l'image de l'océan qui est plus près de l'hôtel en 1896 qu'en 1971), ils accordent de l’importance, prêtent attention, se sentent concernés, comme il le fait dire à son héros, mais sont aussi prisonniers de certaines règles, les femmes en particulier. On trouve une belle flamme féministe avant l’heure avec le personnage d’Elise McKenna, flamme que Richard va contribuer à rendre flamboyante.

    Le roman se présente sous la forme d’un récit écrit par Richard Collier, et dévoilé par son frère qui a récupéré le manuscrit. Comme lui, on peut se demander si Richard a bel et bien vécu l’histoire qu’il raconte, s’il n’a pas été victime d’hallucinations provoquées par sa tumeur. Et comme lui, on souhaite qu’il ait vécu cette histoire extraordinaire ; le personnage est si attachant et l’histoire si bien racontée. Mais ça c’est le talent de Mister Matheson.

    Les amateurs de SF aussi bien que les lecteurs habitués à la littérature générale trouveront leur compte dans ce livre.

    Le roman a été adapté à l’écran (avec Matheson lui-même comme scénariste) en 1980 sous le titre « Quelque part dans le temps » avec Christopher Reeve et Jane Seymour. Je me souviens l’avoir vu en VHS et qu’il m’avait bien plut, la fin surtout ;) Faudra que j’y rejette un œil…

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  • L'arbre d'Halloween - Bien après minuit - Ray Bradbury

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    L’arbre d’Halloween est un court roman paru aux Etats-Unis en 1972 mais qui n’a été traduit que tardivement en français et publié en 1994 seulement, aux éditions du Seuil.

    La traduction a dû s’avérer difficile puisque des passages du texte original sont versifiés et arriver à une équivalence française de la part d’Alain Dorémieux, aidé de Jacques Chambon, n’est pas un mince exploit.

    Lire le livre dans le texte est certainement la meilleure chose à faire, mais quand on est loin de maîtriser la langue de H.G. Wells (on va pas toujours citer Shakespeare non plus :p) on béni les personnes qui exercent le métier souvent ingrat de traducteur !

    Les allergiques à Halloween qui penseraient que ce livre est une énième tentative de nous revendre une fête américaine très commerciale seraient complètement dans l’erreur. Puisque c’est l’esprit même de la fête d’Halloween que Bradbury nous propose de découvrir, une fête dont les origines remontent à la nuit des temps.

    Halloween est la fête préférée de Ray Bradbury, l’automne une saison qu’il chéri, il les a souvent évoqués dans ses nouvelles, il en garde une éternelle nostalgie, liée à son enfance.

    C’est donc par l’entremise d’un enfant de treize ans et de ses copains qu’il nous fait partager le véritable esprit d’Halloween.

    Tom Skelton et ses camarades, tous déguisés le soir du 31 octobre, rencontrent l’étrange Montsuaire qui va les emmener à travers le monde et le temps à la découverte des origines d’Halloween, dans l’Egypte antique, à Paris au sommet de Notre-Dame, au Mexique où on mange des crânes en sucre, ou dans des cavernes il y a quelques millions d’années.

    Un beau roman qui se lit d’une traite, plein de poésie et de parfum d’automne et, qui plus est, instructif. A découvrir.

     

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    Bien après minuit est un des nombreux recueils de nouvelles de Bradbury. La nouvelle est une de ses spécialités, il excelle dans cet exercice comme le prouve la majorité des quatorze histoires courtes de ce livre appartenant aussi bien à la SF ou au fantastique qu’à une littérature générale.

    « Un printemps hors du temps » et « Les miracles de Jaimie » sont des bijoux de nostalgie, tendre pour le premier, plus cruel pour le second. Hommages à travers le temps et l’espace à George Bernard Shaw dans « G.B.S. modèle V » et à Thomas Wolfe avec « A jamais la Terre ». Hemingway devient la cible de l’humour de l’auteur dans « Le perroquet qui avait connu Papa ».

    « La tablette de chocolat » qui clôt ce recueil est une très belle nouvelle, tendre et touchante.

    De la belle écriture, encore une fois, de la part de M. Bradbury.

  • La Nuit des Temps - René Barjavel

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    Quatrième de couverture
    Dans l'immense paysage gelé, les membres des Expéditions Polaires françaises font un relevé du relief sous-glaciaire. Un incroyable phénomène se produit : les appareils sondeurs enregistrent un signal. Il y a un émetteur sous la glace... Que vont découvrir les savants et les techniciens venus du monde entier qui creusent la glace à la rencontre du mystère ? "La nuit des temps", c'est à la fois un reportage, une épopée mêlant présent et futur, et un grand chant d'amour passionné. Traversant le drame universel comme un trait de feu, le destin d'Elea et de Païkan les emmène vers le grand mythe des amants légendaires.

     

    La première fois que j’ai lu La Nuit des Temps j’avais 13 ou 14 ans et le moins que je puisse dire est qu’il m’avait marqué. Une fois sa lecture terminée, Barjavel entrait définitivement dans le panthéon de me auteurs favoris.

    Ca faisait des lustres que je n’avais pas ouvert ce roman, et le plaisir de sa lecture est toujours intact ; rassurant :-)

    La Nuit des Temps (et c’est vrai que la nuit détenddamned ! Laurent Ruquier, sort de ce corps blog !) fait partie de ces romans qui nous plongent dans un monde perdu à la rencontre d’une civilisation fabuleuse disparue - un vrai fantasme d’explorateur - comme le faisait jadis Edgar Rice Burrough ou sir Arthur Conan Doyle. Mais le roman de Barjavel n’a rien de désuet et c’est mieux écrit ;-) Le style est poétique, comme toujours chez Barjavel, les dialogues très vivants et l’action rondement menée, l’auteur ne s’encombre pas de fioritures trop littéraires. Il est vrai qu’au départ,  La Nuit des Temps était un scénario pour un film qui ne s’est jamais fait.

     

    Le monde perdu du roman c’est l’Antarctique. Sur ce continent qui n’appartient à personne, des hommes de différentes nationalités vont oublier un instant leurs rivalités et coopérer pour en savoir davantage sur l’extraordinaire découverte qu’ils viennent de faire sous la glace : les traces d’une civilisation incroyablement ancienne, et deux êtres de cette civilisation, toujours en vie, plongés dans un profond sommeil.

    Ils coopéreront d’autant mieux que la barrière du langage tombera entre ces hommes, grâce à une machine traductrice mise au point par l’un d’eux.

    A travers une histoire d’amour tragique, Barjavel nous parle surtout de l’Homme - « si grand et si pitoyable » - et de ce qui le caractérise quelle que soit l’époque : la soif de connaissance et le désir de s’élever, le pouvoir et la guerre, et bien sûr l’amour. (On pourrait aussi intercaler la religion entre le désir de s’élever et le pouvoir :p)

    L’Humanité semble vouée à être contrariée par les intérêts de quelques hommes et condamnée à reproduire les mêmes erreurs – « Ils on repeuplé le monde et ils sont aussi cons qu’avant, et prêts à faire de nouveau sauter la baraque. C’est pas beau, ça ? C’est l’homme ! » - Une véritable union entre les hommes ne paraît pouvoir exister qu’éphémèrement, la désunion étant l’issue inévitable, comme pour un couple, même idéal, qui sera de toutes façons séparé.

     

    Pour en savoir plus sur ce fabuleux roman et lire une analyse poussée, voir cette page du Barjaweb, excellent site consacré à Barjavel :

    http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/Ndt/nuit.php

     

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  • Flatland - Edwin A. Abbott

    Flatland.gifQuatrième de couverture:
    En haut, en bas... Voilà deux expressions qui n'ont pas cours à Flatland. A les employer, on risque de perdre la tête, au propre comme au figuré. Car si les habitants de cet univers qui ne connaît que Deux Dimensions n'ont pas à craindre que le ciel leur tombe sur la tête, ils détestent les illuminés et les faux prophètes qui prêchent l'évangile de la Troisième dimension. Pourtant, le narrateur de cette étrange aventure, un très raisonnable Carré, est certain d'avoir été visité par une Sphère, chose impossible pour ses concitoyens qui ne peuvent y voir qu'un Cercle... Mais ne riez pas de leur aveuglement. Comment réagissez-vous quand on vous parle de la Quatrième dimension ?

     

    Publié en 1884, Flatland est une curiosité. Considéré comme une allégorie ou une satire de son époque (l’Angleterre victorienne), l’ouvrage est à juste titre classé dans la catégorie Science Fiction (paru en France dans la fameuse collection Présence du Futur), puisqu’il décrit un environnement, une civilisation, qui sont contemporains de l’auteur mais en prenant un point de vue décalé. Ici, le point de vue décalé adopté par Abbott n'est pas le futur, mais les autres dimensions !

    Le point de vue est au cœur même du récit, celui que l'on a sur notre monde, et sur soi-même.

    Dans le monde de Flatland où les personnages sont des figures géométriques plates, plus on possède de côtés, plus on a un rang social élevé. La femme est une ligne droite, soit la figure la plus simple, elle est donc considérée comme inférieure, et même dangereuse. Le sexisme impressionnant que l’on trouve dans le livre a de quoi faire tomber en syncope même un féministe modéré !

    J’avoue qu’il m’est difficile de savoir si l’auteur exprime tout naturellement son opinion sur la place des femmes dans la société (après tout il était pasteur, et décrire la femme inférieure à l'homme n'avait peut-être pour lui rien de discutable ) ou bien s’il dénonce avec cynisme le point de vue général de son époque à ce sujet…

    A Flatland, les polygones qui ont une multitude de côtés au point de ressembler à des cercles, la figure parfaite, sont les plus haut placés, et ce sont des religieux.

    Et s’il existait une figure encore plus évoluée que le cercle, une sphère ? Impensable ? C’est pourtant l’expérience d’une rencontre avec une sphère venue de Spaceland que va vivre le carré qui est le narrateur du roman.

    Son point de vue sur Flatland en sera bouleversé. Il découvrira qu’il existe aussi un univers à une seule dimension, Lineland, et un autre à zéro dimension, Pointland.

    Les quelques pages consacrées à la description de Pointland sont particulièrement savoureuses. Pointland se résume à un point, c’est à la fois un univers et un être. L’être est incapable d’imaginer autre chose que lui-même, persuadé d’être l’Unique et le Tout. Du grand art :)

    A lire, pour s’ouvrir l’esprit et se faire son propre point de vue.