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  • Malpertuis - Jean Ray

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    Présentation de l'éditeur :

    L'oncle Cassave va mourir. Il convoque toute sa famille à son chevet dans la demeure de Malpertuis et leur dicte ses dernières volontés : que tous s'installent dans cette colossale maison de maître et que revienne, aux deux derniers survivants, sa fortune. Aucun des proches ne se doute du drame qui les attend. Tout commence par des lumières qui s'éteignent mystérieusement. Bientôt l'horreur jaillira des mûrs mêmes de la maison. Le roman Malpertuis est un chef-d’œuvre de la littérature fantastique.

    Un chef-d’œuvre en effet, et un de mes livres préférés, lu et relu, la dernière relecture tout récemment. Il me fallait laisser un billet, même tout petit, sur cet immense livre.

    « Il me faut présenter Malpertuis et me voici frappé d’une singulière impuissance. L’image recule comme les castels de Morgane, le pinceau devient de plomb dans la main du peintre, tant de choses, que je voudrais fixer par description ou définition, se dérobent, deviennent vagues et s’envolent en brumes. » (Extrait du Chapitre Deuxième du livre)

    Publié pour la première fois en Belgique en 1943 et en France en 1955 dans la collection Présence du Futur, Malpertuis est un roman qui m’a marqué à jamais.

    Malpertuis n’est pas une maison hantée, mais une sorte de panthéon maudit où sont contraint de vivre les dieux de jadis et quelques autres créatures, du moins ce qui subsiste d’eux.

    Jean Ray conte une histoire terrible et tragique entre mortels et immortels, en multipliant les voix narratives qui sont comme autant de fragments d’une noire légende. Son écriture fait naître des images fortes, impérissables.

    Une adaptation est sortie au cinéma en 1971, avec Orson Welles, que je n’ai jamais vu, je n’en ai jamais eu l’envie. Les images laissées par la lecture du roman sont si prégnantes que je serai à coup sûr déçu par celles du film…    

     « Les hommes ont fait les dieux. Ils se sont prosternés devant cette œuvre immense de leurs mains et de leur esprit, ils ont subi leur volonté, ils se sont soumis à leurs désirs comme à leurs ordres, mais les ont également voués à la mort. »

  • Dur à avaler (pilules et pastilles)

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    Tandis que Mr Eric Besson tente de nous faire avaler la pilule bleue du « y’a aucun danger avec le nucléaire en France »,  des pastilles d’iode sont distribuées au Japon.

    Habitant à cinq kilomètres d’une centrale nucléaire, j’ai dans mon placard de telles pastilles (voir photo), mais c’est juste pour la forme hein, puisqu’il n’y a rien à craindre donc.

    Quand la date de péremption est passée, ces pastilles sont distribuées dans les boîtes aux lettres, ou bien on reçoit un bon pour aller retirer une boite à la pharmacie du coin, ça dépend des fois.

    Comme il est indiqué sur l’emballage et sur la notice, ces pastilles ne sont à prendre qu’en cas d’incident, quand les autorités compétentes nous le diront. Il est également indiqué que le traitement doit être pris dès l’alerte donnée (c’est écrit en gras sur la notice), que son efficacité est très diminuée si on le commence 1 heure après la radio-contamination.

    Il vaut mieux que les autorités compétentes soient très réactives alors et qu’elles ne cherchent pas à atténuer la gravité de la situation (mais il n’y a aucune raison évidemment).

    Tout dépend de l’officialisation de la contamination. Me voilà rassuré, pour moi, la sécurité du pays et pour les japonais qui vont respirer une atmosphère quelque peu enrichie en particules sans problème…

     

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    L’actualité nous gâte parfois : séisme et catastrophe accident nucléaire au Japon, les sbires de Kadhafi qui regagnent du terrain en Lybie, Johnny qui va sortir un nouvel album…

    Bon, mettons de côté l’ironie, et en hommage au courage des japonais, voici un morceau du groupe de Heavenly Voices nippon Jack or Jive. « Devoted Flowers » extrait de l’album « Kenka » est dédié aux victimes du tremblement de terre de 1995.

    Extrait d’interview du groupe :

    « Avant d’enregistrer « Kenka », nous avons été marqués par un terrible tremblement de terre survenu dans la ville de Kobe, voisine de la nôtre. « Kenka » signifie « Fleurs dédiées » : nous avons ainsi dédié cet album à tous ceux qui ont quitté ce monde sans avoir atteint leurs buts. C’est un requiem. »

    En des circonstances similaires, de nouveau, ces fleurs dédiées…

     

  • Dead Zone - Stephen King

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    Deuxième lecture dans le cadre du Challenge Stephen King. Cette fois, le livre de la décennie 70 : Dead Zone, paru à l'origine en 1979.

    Je n’avais jamais lu ce roman de Stephen King, car j’ai toujours eu en mémoire le superbe film de David Cronenberg avec Christopher Walken et Martin Sheen, adapté de ce roman, qui fait carrément partie de mes films préférés et que j’ai par conséquent vu plusieurs fois.

    Je craignais donc en me plongeant dans le livre, même s’il s’agit d’un roman d’un de mes auteurs favoris, d’être très influencé par les images du film et d’une certaine façon déçu.

    Je n’avais pourtant pas ce genre « d’appréhension » avec Shining, Carrie ou Christine dont j’avais vu tout d’abord les films avant de lire les romans dont ils sont tirés.

    C’est que les films en question, souvent cités comme les meilleures adaptations à l’écran de King, ne m’avaient pas autant marqué que le Dead Zone de Cronenberg. A mes yeux ce dernier reste LE meilleur film tiré d'une oeuvre de SK.

    Avec ce challenge c’était donc maintenant ou jamais l’occasion de me plonger dans le livre, et je n’ai aucunement été déçu. Ouf ! ^^

     

    L’histoire est celle de John Smith qui, à la suite d’un accident qui le plonge dans le coma acquiert la faculté d’entrer dans l’esprit des gens et de voir leur avenir lorsqu’il établit un contact physique avec eux.

    Le roman est découpé en trois parties, plus un prologue. Dans celui-ci on apprend que John Smith, encore enfant, est victime d’un premier accident où il perd brièvement connaissance, à la suite de quoi il commence à avoir un petit pouvoir de prescience.

    La première partie du roman, qui est aussi la plus longue, est ma préférée. John Smith est plongé dans le coma suite à un accident de la route, comme un sale coup du destin, alors que tout semblait lui sourire dans la vie. Quand il se réveille, quatre ans et demi après, la femme qu’il aime, Sarah, a refait sa vie et il a désormais le don de voir l’avenir.

    Un don qui est en même temps une malédiction pour John Smith, l’ambivalence de ce pouvoir est parfaitement rendue dans le livre, il lui permet de sauver des gens mais les gens sont effrayés par ce pouvoir. Au fil de la lecture, un sentiment d’inéluctabilité ne cesse de grandir, un destin auquel le héros ne peut échapper se dessine petit à petit. Belle évocation également de ce qui aurait pu être et qui ne sera jamais, avec la relation de John Smith et de Sarah. Tout cela est finement rendu, et le personnage de John Smith nous apparaît des plus attachants.

    Un des plus beaux personnages sortis de l’imagination de King, à mon avis.

     

    Peut-être parce que je suis un lecteur de BD et que j’ai lu beaucoup de comics étant gamin, je n’ai pu m’empêcher de voir en John Smith une sorte de super-héros. Un peu à la manière du film Incassable, avec toutes les questions que se pose le héros sur lui-même.

    John Smith obtient son pouvoir accidentellement, comme bon nombre de super-héros de comics américains, qu’il va utiliser pour sauver des gens, et peut-être même le monde…

    Il n’a pas une double identité à proprement parler (thème récurrent chez les super-héros) mais seules quelques personnes connaissent vraiment  John Smith (on peut bien sûr se poser la question de savoir jusqu’où elles le connaissent bien, et on notera aussi la référence à Dr Jekyll et Mr Hyde au début du roman), les autres ne connaissent que le médium. Cette identité de Médium est d’ailleurs comme un masque, qui apparaît effrayant aux yeux des « clients » de Smith.

    Et comme tout « super-héros » qui se respecte, il va devoir affronter des « super-vilains », qui se cachent derrière d’habiles masques bien sûr. Un tueur en série tout d’abord, que la presse appelle l’étrangleur de New Castle, puis Greg Stillson qui gravit les échelons de la hiérarchie politique en usant de pouvoirs qui n’ont rien d’extraordinaires mais qui sont redoutablement efficaces.  Le parfait ennemi juré de John Smith en quelque sorte…   

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    Voir aussi : Danse Macabre


     

  • Danse macabre - Stephen King

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    Première lecture dans le cadre du Challenge Stephen King. Je commence par la catégorie recueil de nouvelles avec Danse macabre (Night Shift en vo), paru aux Etats-Unis en 1978.

     

    Danse macabre occupe une place particulière parmi mes livres favoris. En effet c’est le premier que j’ai lu de Stephen King, quand j’avais dans les 14 ans, et il a immédiatement fait entrer l’auteur dans le panthéon de mes écrivains préférés. Il m’a également donné le goût pour la nouvelle, exercice littéraire dans lequel Stephen King excelle.

    Depuis la première lecture de ce livre, je suis particulièrement friand de ces histoires au format court, je lis presque autant de recueils que de romans.

    Pour écrire une bonne nouvelle, il faut savoir raconter une histoire, être concis, pas de fioritures ou de descriptions inutiles à n’en plus finir. Et quand en plus, l’histoire fait peur, c’est un délice.

    Danse macabre est une collection de 20 histoires flippantes, écrites dans les années 70 par un Stephen King au meilleur de sa forme.

     

    Ambiance à la Lovecraft (autre grand maître de la nouvelle) dans Celui qui garde le ver, et premier détour par Jerusalem’s Lot, la ville aux habitants aux mœurs nocturnes du roman Salem. On y revient (avec plaisir) dans Un dernier pour la route, dont l’action se déroule après les événements contés dans le roman.

    Autre connexion avec un roman de King, l’idée d’Une sale grippe, qui se développera dans Le Fléau.

    Vous aimez les rats ? Vous les détestez plutôt ? Essayez le Poste de nuit proposé par l’auteur,  grosse frayeur en perspective.

    Vous redoutez les tueurs en série ? Méfiez-vous du Printemps des baies où sévit Jack des brumes, ou de L’Homme qui aimait les fleurs, surtout quand les beaux jours reviennent.

    Dans Matière grise, Richie Grenadine (délicieusement ridicule comme nom) boit trop de mauvaise bière (il ne sera pas le dernier personnage à  avoir des soucis avec l’alcool dans l’œuvre de King), vraiment trop, et l’alcool finit par changer les gens, radicalement.

    Dans Desintox Inc., c’est la cigarette le problème. Accepter une « méthode miracle » pour arrêter de fumer, n’est-ce pas tomber de Charybde en Scylla ?

    Si tondre la pelouse cause un souci, faites appel à La Pastorale, entreprise spécialisée dans les travaux des champs et des jardins. Mais qui peut bien être le patron d’une boîte dont l’employé jure par Circé ?

    Dans La Presseuse,  la repasseuse-plieuse d’une blanchisserie se met à « avaler » les ouvrières, comme un démon avide de sacrifice. Métaphore sanglante du productivisme ? Le plus terrible, dans cette géniale nouvelle, c’est que le lecteur voit les deux principaux protagonistes aller tout droit à la catastrophe.

    Avec un thème classique comme le monstre caché dans le placard, King parvient à nous faire frissonner et surtout à nous surprendre (Le Croque-mitaine).

    A propos de monstres… Et si les énormes camions américains, ces Léviathan mécaniques du bitume, se mettaient à rouler sans conducteur et terrorisaient une poignée de personnes réfugiés dans un restaurant d’autoroute ? C’est Poids lourds, nouvelle probablement inspirée par celle de Richard Matheson (référence revendiquée par SK),  Duel, adaptée au ciné par Spielberg.

    Et imaginez des petits soldats, jouets à priori inoffensifs, qu’un tueur à gage reçoit chez lui, et qui s’animent avec pour mission de zigouiller le tueur. L’histoire de Petits soldats est menée tambour battant. Une maîtrise dans le rythme. Epoustouflant !

    Avec Comme une passerelle, King revisite le thème des E.T. malveillants qui nous observent de près.

    Que dissimulent les immenses champs de maïs du Nebraska, peut-être un culte pas très chrétien dont un couple en crise va faire les frais ? (Les Enfants du maïs).

    Tomber amoureux de la femme d’un caïd de la pègre, et s’enfuir avec elle, peut vous mettre dans une situation très périlleuse, au sens propre. (La Corniche)

    Dans Cours Jimmy cours, un homme est rattrapé par les démons de son passé, là aussi, littéralement. Vers qui ou quoi se tourner pour les faire disparaître ?

    L’Homme qu’il vous faut met en scène une jeune femme qui voit apparaître dans sa vie un homme qui sait exactement ce qu’elle désire. Forcément, c’est louche.

    Le Dernier barreau de l’échelle est certainement la plus belle de ce recueil. Superbement écrite, tout en finesse et en psychologie.

    Chambre 312 clôt le livre avec l’histoire d’une femme mourant d’un cancer dans un hôpital, à qui son fils vient rendre visite. Toute l’horreur réside dans le quotidien des malades, l’hôpital-mouroir, les décisions à prendre. Assez dure et déprimante à mes yeux.

     

    Allez, n’ayez pas peur d’avoir peur^^, entrez dans la danse, il y a des monstres, des bestioles dégoutantes, des ténèbres… Vous ne le regretterez pas.

     

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